Elle détient une maîtrise de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQÀM, de même que des études en histoire de l’art. En 2017, elle fut Présidente du Jury (Création numérique) pour les Jeux de la Francophonie (Abidjan, Cote d’Ivoire)Elle a également été professeure invitée et artiste en résidence au Mel Hoppenheim School of Cinema à l’Université Concordia à Montréal (2018-2020).

Outre de nombreuses expositions en sol québécois avec notamment la Fonderie Darling, Parisian Laundry, Occurrence, Clark, Optica et Circa, ses œuvres ont été diffusées dans plusieurs festivals au Canada, dont MUTEK, le Festival International du film sur l’art, le Mois Multi et Espace [IM] Média, ainsi qu’à l’étranger – International short film festival of Berlin (Allemagne), Official Selection Transmediale (Allemagne), MUTEK (Argentine, Japon et Mexique), Lab30 (Allemagne), Moscow International Film Festival, EXiS (Corée), Finnish Contemporary Art Fair (Finlande) et ISEA2020. Son travail fait partie de la Collection Hydro-Québec.

Avec la vidéo et l’élément sonore pour principaux médiums, Nelly-Ève Rajotte œuvre au confluent de la performance, de l’image et de l’installation. Reconnue entre autres pour ses projections monumentales, Rajotte s’intéresse aux conditions sensibles de l’expérience spectatorielle. Elle investigue la relation à l’espace et sonde l’arborescence des sensations physiques et des états psychologiques inscrits dans la réception. Son travail conjoint de l’image et du son reflète en ce sens une certaine altérité de la représentation et de l’expérience.

Autour de la figure récurrente du paysage, Rajotte adopte une posture romantique où les tensions et jeux d’opposition de la composition permettent d’explorer les processus de construction de l’image. Elle emprunte aux stratégies cinématographiques des effets de montage et de mise en scène qui non seulement transforment, mais esthétisent la réalité. Épuré et fragile, le aysage s’affirme ainsi à travers les opérations de l’artiste comme un objet culturel. Le son accompli ensuite ce glissement « hors nature » de l’image en brodant autour d’elle un univers atypique quasi anxiogène. L’environnement sonore double le potentiel sensible de l’œuvre en niant ou exaltant le discours de l’image. Ces trames se répondent, se repoussent et déstabilisent la réception qu’elles remettent en somme au cœur de l’œuvre.

La démarche de Rajotte se distingue par son intérêt manifeste pour la perception dont elle précise et radicalise la portée. Cet exercice de contrôle n’est pas motivé par les artifices technologiques, mais bien par l’organisation d’un environnement ouvert sur l’interprétation. Son travail de composition s’apparente alors à celui du peintre qu’elle augmente d’une dimension temporelle fondamentale de l’expérience. Le temps matérialise l’activité de l’image et du son, il captive l’attention, l’inscrit dans un espace donné et consent enfin aux sens le plein pouvoir sur l’œuvre.